qu'on se le dise

Arrivé à un certain âge on croit avoir atteint la maturité, mais en fait on est les victimes d’un fléau plus dangereux, le désespoir.

Ce désespoir qui nous pousse à espérer, à se faire des fausses idées et surtout à croire à l’illusion. On croit voir des signes partout, on se contente du peu de peur de se retrouver seul. Tout est bon à prendre pour un soupçon de bonheur, une illusion de chaleur humaine pour nous sentir vivants. Quelques critères changent, certains principes s’estompent. On fait des choses et on se demande par la suite la raison pour laquelle on a fait ce choix. Le pire est qu’au fond de nous on sait pertinemment qu’on se trompe et que ce chemin ne mènera qu’à notre perte. Je parle d’une perte de notre estime ou de notre confiance en soi, ou d’un perpétuel regret. On a l’impression d’être perdu dans un tourbillon sans fin d’un côté la peur de la solitude, de l’autre notre acharnement à essayer encore et encore au risque de retomber dans l’illusion. On ne voit que ce qu’on veut croire, on omet ce qui est évident, on ferme les yeux sur la vérité. En connaissance de cause on se persuade que peut-être il y aurait une chance, mais en fait rien ne change. Les choses sont telles qu’elles sont, pas de miracle. Je pense qu’une fois qu’on administrait ceci dans notre tête on réfléchira mieux avant d’entreprendre quoi que ce soit. Mais faire de notre peur de la solitude ?

Vous préférez vous nourrir d’une chimère pour vous trouver encore plus affamé ? Peut-on remplir un gouffre ? Peut-on remplir un contenant troué ?

Certainement pas, plus on croit à notre illusion plus on se perd soi-même. Ce soupçon de chaleur humaine qu’on croyait nous faire du bien, nus puise, nous ronge, nous meurtrie et nous torture à chaque réveil car on se rend compte qu’on est toujours seul, que ce spectre dont on s’est contenté est aussi froid qu’un iceberg.

On est pitoyable quand même, on erre dans ce monde craignant la solitude, on accumule les erreurs, on se la ramasse et on continue. On a beau nous dire « tu fais une énorme bêtise » « tu vas droit dans un mur » et pourtant on fait la sourde oreille car au fond on le sait. C’est un combat perpétuel entre le conscient et le subconscient. Mais à quel prix ?

Certains me diront il faut tenter pour trouver notre bonheur. Chercher notre bonheur je ne suis pas contre, mais croire le voir partout, se lancer dans des opérations suicide c’est courir vers notre perte.

Pourquoi persister à taper à une porte qui nous est fermée ? Pourquoi l’iceberg fondera un jour ? Pourquoi croire au mirage qu’on n’atteindra jamais ? Pourquoi se contenter du peu alors quelque part le tout nous attend !!

Je pense que si on se pose ce genre de question avant de nous jeter tête la première, on évitera certains dégâts irréversibles

Fuyons cette illusion, adoptons notre solitude, assumons notre maturité, soyons le maître et non pas une brebis, levons la barre un peu plus haut car il faut se dire qu’on le vaut bien.

Ne demandons pas qu’on nous estime si on n’a pas d’estime pour soi-même